La sécheresse porte un rude coup sur le nord de la Syrie, une région où 160 villages ont étés abandonnés à cause du changement climatique, selon un rapport international qui s'inquiète des éventuels conflits régionaux futurs pour le contrôle de l'eau.
"La sécheresse des années 2007 et 2008 a porté un coup dur aux zones rurales en Syrie", affirme le rapport de l'Institut international du développement durable (IIDD) publié cette semaine à Damas, soulignant que "dans le nord-est du pays, 160 villages ont été entièrement abandonnés par leurs habitants".
Ce rapport, financé par le Danemark, s'inquiète des conséquences du changement climatique: baisse des réserves hydrauliques, montée de l'insécurité alimentaire, accélération de l'exode rural et aggravation de la pauvreté au Proche-Orient.
Mais le réchauffement pose aussi "une véritable menace sur la sécurité de la région, accélérant les rivalités et la militarisation des ressources stratégiques et compliquant ainsi tout règlement de paix" notamment entre la Syrie et Israël, affirme à l'AFP Oli Brown, co-auteur de l'étude.
L'Etat hébreu "utilise comme prétexte le changement climatique pour justifier le contrôle des ressources hydrauliques dans la région", au Golan et dans le bassin du Jourdain, explique-t-il.
Or les pays du Levant contribuent à "moins de 1% des émissions mondiales de CO2", ce qui risque d'"attiser le ressentiment envers des pays occidentaux", perçus comme "les principaux responsables du réchauffement planétaire", met en garde le rapport.
L'étude révèle d'autre part les difficultés liées à la démographie, estimant que "l'ensemble de la population levantine passera de 42 millions en 2008 à 71 millions en 2050", avec toutes ses implications sur la demande d'eau, de nourriture, de logement et d'emploi.
"Ce rapport entre dans le cadre d'un effort global pour créer une prise de conscience sur le changement climatique et rechercher de nouvelles alternatives", dit Ole Egberg Mikkelsen, ambassadeur du Danemark à Damas.
Le Danemark accueillera la prochaine conférence de l'ONU sur le changement climatique en décembre 2009.
La Syrie est victime du manque d'eau, mais aussi de la déforestation, le surpatûrage et la mauvaise gestion des terres cultivées, provoquant la dégradation des terrains et l'augmentation de l'irrigation.
"13% des terrains agricoles se sont dégradés entre 1980 et 2006 à cause du pâturage, ainsi que l'expansion urbaine et des activités agricole, industrielle et touristique", souligne le docteur Fayez Asfary, expert de la désertification. En Syrie, le secteur primaire représente 23% du PNB et emploie 30% de la population active.
L'IIDD, un organisme indépendant basé au Canada, estime qu'"un réchauffement modéré provoquerait une baisse de 30% des eaux de l'Euphrate (qui traverse la Turquie, la Syrie et l'Irak) et un rétrécissement de l'ordre de 80% de la mer Morte vers la fin du siècle".
La plupart des villes syriennes connaissent fréquemment des coupures d'eau alors que le pays a connu sa plus forte vague de sécheresse depuis 40 ans.
Les nappes phréatiques diminuent et les réserves d'eau tarissent graduellement: la rivière du Barada qui traverse Damas disparaît en été alors que les autorités ont fermé le lac de Mzeirib (sud) aux activités touristiques, pour préserver les ressources hydrauliques.
A ce tableau sombre, s'ajoute la diminution dramatique de l'eau potable dans le désert de Syrie, la "Badiyé" (est).
Pour augmenter l'approvisionnement en eau, les autorités projettent la construction d'aqueducs entre l'Euphrate à l'Est et la ville de Salamiyé (centre), selon les médias locaux. Le gouvernement compte aussi adopter de nouvelles méthodes d'irrigation afin de réduire la consommation d'eau.
Source : RomandieNews
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