Selon une évaluation préliminaire des dommages environnementaux et structurels réalisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’attaque israélienne a non seulement aggravé les risques existants à Gaza, mais en a créé de nouveaux en contaminant aussi bien les terres que les environnements urbains et en laissant dans son sillage des quantités inouïes de déchets.
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) annonçait le mois dernier qu’il enverrait en mai une équipe d’experts de l’après-conflit dans l’enclave pour le suivi des questions qui menacent le plus la population de Gaza.
Beaucoup de zones dans Gaza, en particulier les vastes camps de réfugiés, étaient privées de systèmes d’épuration des eaux usées. Quand ils existaient, ils fonctionnaient souvent grâce à des groupes électrogènes ou sur l’électricité rationnée. L’interdiction des matériaux requis pour leur entretien, notamment le ciment, l’acier et les tuyaux, les a laissés dans un état de délabrement avancé.
Un rapport publié par le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires de l’ONU (OCHA) dix jours avant le lancement de l’opération Plomb durci déclarait qu’au moins 80% de l’eau fournie à Gaza « ne satisfait pas aux normes de l’OMS pour l’eau potable ».
« Une grande partie de l’entretien nécessaire est rendue impossible par le manque de tuyauterie, de pièces de rechange et de matériaux de construction. La dégradation du système qui en découle est un risque majeur pour la santé publique » dit le rapport.
Les restrictions sur les matériaux et les marchandises ont laissé 70% des terres agricoles de Gaza sans irrigation, selon l’Organisation pour l’Alimentation t l’Agriculture (FAO), tandis que les autorités locales étaient contraintes de déverser chaque jour environ 70 millions de litres d’eaux usées non traitées dans la mer. Le manque d’essence rend la collecte des ordures peu fréquente dans le meilleur des cas.
40% des réservoirs d’eau des toits à Khan Younis ont été endommagés ou détruits, et quatre puits entièrement détruits à Gaza City, Beit Hanoun et Jabaliya, selon le groupe chargé des eaux, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH), qui dépend de l’OCHA.
« Aujourd'hui, l’impact majeur a été ressenti dans les zones du nord de Gaza, où la plupart des réseaux d’eau ont été détruits » dit Najla Shawa, directrice de l’information de WASH à Gaza. « A Khan Younis aussi, seuls 30% du gouvernorat sont desservis par un réseau d’eaux usées ».
A présent ce sont dix millions de litres d’eaux usées de plus qu’avant la guerre qui sont déversés dans la Méditerranée chaque jour, selon WASH, menaçant la vie marine côtière et les pêcheries de Gaza.
« Les déchets de construction engendrés par les dernières hostilités contiennent des matériaux à risque comme l’amiante » a dit par téléphone à IPS un représentant de la section « gestion post-conflit et désastres » du PNUE à Genève. « De hauts niveaux d’exposition à l’amiante ont été corrélés au cancer du poumon ».
Plus de 20.000 bâtiments et 5.000 maisons ont été détruits, selon les autorités locales. Quelque 600.000 tonnes de déchets doivent à présent être évacuées à la suite du siège, une bonne partie des débris ayant été arasée dans le sol par les tanks israéliens.
Le sol de Gaza sera également affecté dans le long terme par l’usage qu’a fait Israël d’obus au phosphore blanc pendant la guerre, dit Sameera Rifai, représentante de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature dans les Territoires Palestiniens Occupés.
« Le sol des terres agricoles est maintenant pollué par les armes utilisées par les Israéliens, en particulier le phosphore blanc » a déclaré Mme Rifai à IPS.
En février des échantillons de sol gazaoui ont été testés positifs selon les examens effectués à l’Université Techniques d’Istamboul en Turquie.
« C’est une crise permanente, pas seulement cette dernière guerre, qui empêche constamment les Palestiniens de développer des projets durables » dit Mme Shawa à IPS. « Cela concerne surtout le manque d’accès aux matériaux, qui empêche la construction de réseaux d’eau et d’usines d’épuration ».
« Ces deux derniers mois, seuls deux ou trois conteneurs de tuyaux pour l’eau ont été autorisés par les Israéliens à entrer dans Gaza » dit-elle.
Mme Shawa ajoute que la dite « zone-tampon » qu’Israël a créée unilatéralement dans Gaza empêche l’évaluation et le nettoyage environnemental dans la période de l’après-conflit.
« Les gens n’ont tout simplement pas accès aux zones est et nord où se situent la plupart des usines d’épuration » dit-elle. « Les autorités municipales sont incapables d’atteindre certaines zones pour tester les niveaux de pollution de l’eau ou du sol ».
« Si nous voulons développer Gaza et maintenir ses ressources naturelles, il faut que la fermeture cesse et qu’il y ait une libre circulation des gens et des matériaux » ajoute Mme Rifai. « Sans cela, c’est inutile ».
Extraits de Info-Palestine
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