Dans le cadre de sa lutte contre les maladies rénales chroniques, le ministère de la Santé vient de signer une convention de partenariat, avec le secteur privé afin que soient pris en charge 1.500 malades nécessiteux inscrits sur listes d'attente des centres d'hémodialyse privés.
A cet effet, une enveloppe budgétaire de 60 millions de dirhams doit être débloquée par le ministère afin d'optimiser la lutte contre cette maladie qui se développe de façon inquiétante.
«Cette convention, souligne Yasmina Badou, ministre de la Santé, est la première du genre car elle permet d'assurer aux personnes malades souffrant d'insuffisance rénale des soins gratuits, réguliers et complets jusque-là inexistants dans ce secteur».
Cette collaboration avec le secteur privé était, de toute évidence, incontournable car ce dernier reste à la fois une force de proposition dans le domaine sanitaire et compte dans ses rangs un très grand nombre de professionnels spécialisés en néphrologie dont le ministère aurait eu tort de s'en passer compte tenu des proportions que prend la maladie.
Une collaboration perçue également comme une manne par tous les malades rénaux chroniques jusqu'à maintenant insuffisamment pris en charge et soutenus dans leur pénible épreuve.
Si près de 6.500 malades bénéficient déjà de séances d'hémodialyse tous secteurs confondus, public et privé, 3.000 cas apparaissent chaque année et se retrouvent en attente de dialyse pendant des délais inconsidérés mettant leur vie en péril.
C'est ce que résume le Dr Alaoui, président des associations des médecins, qui rappelle que ces malades, au mieux, bénéficient de manière irrégulière de séances de dialyse faute de centres d'hémodialyse et sont exposés fatalement à des complications et à une mort certaine.
La dialyse est par définition une opération de purification du sang qui se fait par le biais d'un tube appelé «tige» dont les malades doivent impérativement bénéficier sous peine de mourir car leurs reins n'assurent plus leur fonction première, à savoir l'évacuation des déchets.
Les déchets, dont l'urée, finissent par s'accumuler dans le sang, mettant en péril la santé du patient. On parle alors d'insuffisance rénale. Cette opération de dialyse doit être effectuée en milieu hospitalier et de façon régulière, soit trois à quatre fois par semaine.
La capacité d'accueil hospitalière étant limité faute d'appareils d'hémodialyse en nombre suffisant, les patients meurent bien souvent sous les yeux du personnel médical. A cela il faut intégrer les frais extrêmement élevés des soins qui avoisinent les 200.000 DH annuels peu ou pas supportés par la couverture médicale auxquels s'ajoute le manque de qualification en néphrologie du personnel soignant.
Ces carences expliquent aujourd'hui le fort taux de mortalité lié à cette maladie. Conscient de l'ampleur du phénomène, le ministère de la Santé a inscrit en priorité dans sa stratégie de politique sanitaire 2008-2012 la prise en charge des malades souffrant d'insuffisance rénale dans le privé par la mise en place d'un certain nombre de mesures.
Parmi celles-ci, l'offre des soins d'hémodialyse dans le privé sur la base d'une somme forfaitaire accordée par le ministère.
Autre initiative d'importance, le suivi des malades qui sont sous contrôle médical durant la durée de leur maladie car ces derniers sont souvent fragiles et exposés à différentes maladies périphériques telles que l'hypertension artérielle, le diabète, l'infection urinaire.
Le transport de ces malades vers les établissements sanitaires compte également parmi ces mesures ainsi que les soins en réanimation en cas d'urgence qui peuvent survenir lors de séances de dialyse. La convention ne s'arrête pas là, toutefois.
Le ministère de la Santé compte créer douze nouveaux centres de dialyse dans le cadre de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et faire l'acquisition de 250 appareils de dialyse.
Une autre de ses priorités, renforcer l'équipement et les soins des 56 centres d'hémodialyse publics existants, gérés pour certains en partenariat avec la société civile. Le but? Faire en sorte que ceux-ci fonctionnent à plein régime et augmenter le taux de prise en charge de 3,9 à 5 malades par appareil de dialyse.
La mobilisation de 25 médecins néphrologues et 150 infirmiers devraient accompagner ces nouvelles mesures.
Le ministère s'apprête, par ailleurs, en vertu de cette convention, à créer une plateforme de coopération permanente avec tous les acteurs du secteur privé pour améliorer de façon significative l'offre sanitaire.
Les maladies rénales touchent environ 1 million de personnes au Maroc. 136 centres d'hémodialyse existent à ce jour à travers le pays.
La fréquence de l'insuffisance rénale terminale, qui exige la prise en charge en dialyse, augmente rapidement de 5 à 7% par an. 370 personnes ont bénéficié d'une hémodialyse en 1986, 690 en 1990, 1.500 en 2001, plus de 3.500 en 2003 et 6.400 en 2008. 131 néphrologues exercent dans tout le Maroc pour une population de 30 millions d'habitants.
A peine la moitié du personnel infirmier est formé aux techniques d'hémodialyse, alors qu'un minimum de 656 postes doit être pourvu.
Source : Le Matin
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