L’échéance fixée par les pouvoirs publics pour la restructuration du transport urbain à la fin de l’année en cours ne semble pas apporter son lot de satisfactions sur le terrain.
Beaucoup de facteurs freinent cette opération. Le renouvellement du parc et les conditions requises pour l’obtention du quitus permettant l’exploitation d’une ligne battent de l’aile dans la ville des Ponts.
Dans cette optique, cette dernière assume provisoirement ces mesures étant donné l’existence de grands projets structurants qui paralysent la fluidité de ce volet. De plus, la ville vit mal le quotidien correspondant au transport urbain.
Anarchie, d’pollution, exigüité des routes, absence d’aires de stationnement, la liste de ces défaillances est encore longue et le retentissement est direct sur le citoyen. Ajoutez à cela la violation de la réglementation et le dédain affichés par des chauffeurs à l’encontre des usagers, en «grillant» les règles élémentaires de la fonction.
La clientèle est souvent offensée par des décibels «grossiers» retentissant des amplis élevés au maximum.
Le transport est une culture imposant «élégance» et éducation. Malheureusement, cette donne est bannie par les acteurs urbains d’autobus et de taxi. Faire contre mauvaise fortune bon cœur est le principe sur lequel les usagers s’appuient pour rentrer chez eux ou se rendre au travail. «Constantine suffoque. Point d’arrêt de taxis, on joue à cache-cache pour ne pas rater la pointeuse !
Si un agent surprend un chauffeur en train de marquer un arrêt, c’est la fourrière», se lamente un sexagénaire activant dans la banlieue de Sidi Mabrouk.
De ce fait, depuis le transfert de la station Kerkri, desservant cette cité, vers le Bardo, les citoyens vivent uncalvaire au quotidien. Les chauffeurs de taxi qui ont récusé cette aire activent en cachette pour faire monter la clientèle quelques mètres plus haut de l’hôtel Cirta.
De l’autre côté, les déboires ne sont pas sans conséquences pour les habitants de Boussouf et de Djebel Ouahch. Obéissant à un plan de circulation temporaire depuis le lancement des travaux du tramway, les Constantinois des banlieues se démènent pour rejoindre leur domicile.
Avec pratiquement zéro aire de stationnement au centre-ville, c’est le parcours du combattant auquel se livrent quotidiennement le travailleur, l’étudiant… Les habitants font pratiquement des «correspondances» et recourent aux clandestins pour ne pas rester dans le froid du soir.
La station Khemisti qui a pris le relais de celle de Benabdelmalek est loin de répondre aux besoins de la population à cause de son éloignement du centre-ville. L’endroit est l’objet de critiques acerbes. Les bus jouxtent une zone habitable et dégagent à longueur de journée de la fumée polluante qui survole une école. La direction de l’environnement n’y peut rien considérant que cela est «provisoire».
Le parc du transport urbain est en train de faire un lifting qui a mis du temps à se réaliser. L’Entreprise des transports constantinois (ETC) a procédé à l’acquisition de quelques nouveaux bus qui ont agrémenté la cité par leur propreté.
Le parc comptant 1 200 bus dont une bonne partie date de trois
décennies -allusion aux autobus Tata-, s’est débarrassé de 75 tacots qui ont
causé tant de pollution à la ville mais aussi des accidents graves.
Le
dernier en date avait mis dans le collimateur cette marque et est lié à la mort
d’un garçon.
La décision du wali ne s’est pas fait attendre pour «éliminer» ces véhicules datant des années 80. Au moins 15 opérateurs du secteur privé ont ainsi échangé leur vieille carcasse contre des autocars flambant neuf. «Le parc constantinois rajeunit au fur et à mesure.
On se trouve à 4 ans près du renouvellement», se félicite M. Jouini, directeur des transports. Pour les taxis, le même responsable annonce qu’«une entreprise de taxis issus de l’ANSEJ sera opérationnelle d’ici peu.
Elle comprendra une vingtaine de véhicules.». Par ailleurs, il est difficile de contraindre les chauffeurs à se doter de voitures quand ces derniers arrivent difficilement à couvrir les charges.
Pour les propriétaires de bus vétustes, une aide aux «chauffeurs lésés» a été initiée par les responsables locaux en vue de leur faciliter la procédure d’octroi de nouveaux autocars.
Cependant, aucun chiffre sur les éventuels bénéficiaires n’a filtré au sujet de cette aide. Concernant les dernières mesures de restructuration des transports, qui portent sur l’assainissement du mode de travail des chauffeurs, dont le respect des usagers et des arrêts, rien d’officiel n’est arrivé aux mains des responsables.
«Nous n’avons été destinataires d’aucune correspondance attestant les mesures inhérentes aux nouvelles dispositions», dira le directeur en indiquant qu’il se rendra à Alger pour quelques jours sans livrer l’ordre du jour.
En définitive, Constantine broie du noir dans le secteur des transports urbains.
Certains citoyens se résignent en croisant les doigts pour la réalisation dans les délais du tramway et des deux stations, l’une multimodale implantée à Zouaghi, et l’autre classique dans la zone industrielle.
Toutefois, les files d’attente interminables aux points névralgiques de la cité donnent à celle-ci une aura de «débrayage» dans le secteur.
Source : La Tribune
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