Eaux des cuisines, des toilettes, eaux
industrielles... toutes sont utilisées fréquemment dans
les zones urbaines par les agriculteurs qui nourrissent les grandes
villes des pays en développement. C’est
le cas en Chine, en Inde ou au Vietnam, mais aussi pratiquement autour
de chaque ville d’Afrique subsaharienne et en Amérique
latine. Au total, 200 millions d’agriculteurs auraient recours
aux eaux usées, non ou partiellement traitées. Les auteurs concluent que cette pratique, dans un
contexte de rareté de l’eau et de crise alimentaire, est
inévitable. S’ils énumèrent ses aspects
néfastes sur la santé humaine et l’environnement,
ils évoquent aussi ses avantages, car, sans elle, l’offre
alimentaire des zones urbaines serait largement moindre. Ainsi à
Accra, au Ghana, 200 000 personnes achètent chaque jour des
légumes produits sur 100 hectares de terres irriguées
avec des eaux usées. Cette pratique offre aussi un moyen de
subsistance aux plus pauvres, souvent des femmes, et aux paysans ayant
récemment quitté la campagne. Le rapport de l’IWMI, portant sur 53 grandes
villes, montre que le recours aux eaux usées ne se limite pas
aux pays les plus pauvres, mais qu’il existe aussi au
Moyen-Orient ou au Mexique. “Même si des lois obligent
à traiter les eaux usées, il n’y a souvent pas de
moyens de contrôle, explique Liqa Raschid-Sally, l’un des
auteurs. Et si les eaux usées sont recueillies, souvent les
stations d’épuration ne fonctionnent pas bien.” Trois facteurs déterminent le recours aux eaux
usées : l’augmentation de la consommation d’eau
dans les villes qui pollue les sources d’irrigation
traditionnelle ; la hausse de la demande alimentaire qui favorise
la production de proximité dans des lieux où les sources
d’eau sont polluées ; et enfin la
non-disponibilité d’approvisionnements en eau moins chers
et plus sûrs. Jugeant qu’il est impossible de traiter
l’ensemble des eaux usées, les auteurs optent pour une
approche pragmatique et de moyen terme, et listent les progrès
qui peuvent être accomplis pour conserver ces pratiques, tout en
en diminuant les risques : laver les légumes mangés
crus, stocker de l’eau dans des étangs pour laisser se
déposer les matières solides ou encore, comme à
Ouagadougou, pour l’utiliser ensuite selon son apparence, son
odeur, voire son goût. Le rapport met l’accent sur le problème
des eaux industrielles qui, dans 70 % des villes
étudiées, ne sont pas séparées dans les
systèmes d’évacuation. “Si l’on
connaît les risques de l’utilisation des eaux domestiques,
et que l’on peut soigner les maladies qu’elles provoquent,
ce n’est pas le cas pour les produits chimiques”, explique
Mme Raschid-Sally. Source : l'Opinion
Selon un rapport
publié, lundi 18 août, par l’Institut international
de gestion des ressources en eau (IWMI), dans le cadre du Sommet
mondial de l’eau, à Stockholm, au total au moins 20
millions d’hectares seraient cultivés dans le monde avec
des eaux usées, principalement pour produire des légumes
et du riz.
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