Le Sénat marocain est en train de revoir une loi interdisant le tabac dans les lieux publics ainsi que la vente des cigarettes aux mineurs de moins de 18 ans.
Le Sénat marocain est en train de revoir une loi interdisant le tabac dans les lieux publics ainsi que la vente des cigarettes aux mineurs de moins de 18 ans.
Le Maroc semble établir un renforcement de sa législation anti-tabac, alors que la première Chambre du Parlement a adopté à l'unanimité, mercredi 23 juillet, un projet de loi interdisant le tabac dans les lieux publics ainsi que la vente des cigarettes aux mineurs de moins de 18 ans. Les conseillers du Parlement devraient passer rapidement cette mesure au cours de la session prochaine d’octobre.
Selon un communiqué publié jeudi dernier par l'organisme législatif, ce texte vise à renforcer les dispositions légales pour la prévention du tabagisme, à combler le vide juridique qu'est l'absence de sanctions, à limiter les effets néfastes du tabagisme sur la santé, en particulier chez les jeunes et les mineurs. Le renforcement des amendes génèrera aussi des ressources financières supplémentaires pour le Gouvernement.
"La loi a un intérêt national. Elle sera adoptée sans problèmes par les conseillers pour être aussitôt appliquée", dit Latifa Bennani Smires, Présidente du groupe parlementaire du parti de l’Istiqlal, à Magharebia.
Elle explique que la loi limite de manière effective les effets nocifs du tabac, en introduisant des amendes pour son utilisation dans les lieux publics et en réduisant la publicité pour ce produit.
Les lieux concernés par le texte sont les établissements publics, les administrations et bureaux, les cours intérieures des établissements scolaires, les cafés et restaurants dont la superficie ne dépasse pas 50 m2.
La proposition de loi prévoit des sanctions pécuniaires. Ainsi, fumer une cigarette dans un lieu public est passible d’une amende de 100 dirhams et le double en cas de récidive. Cette sanction est portée à 500 dirhams à l’encontre du responsable du lieu public s’il enfreint lui-même la loi.
En matière de publicité, si le paquet ne contient pas le message de prévention des cigarettes, les amendes peuvent atteindre 10.000 dirhams.
Quant à la vente des cigarettes à des mineurs, elle est passible d’une amende de 2000 dirhams et en cas de récidive de 5000 dirhams avec possibilité de retrait de licence pour le bureau de tabac.
La moitié des amendes collectées sera versée aux associations pour sensibiliser les citoyens aux méfaits du tabagisme.
Ils sont nombreux à saluer une telle initiative qui pourrait amener, si elle est suffisamment sévère, de nombreuses personnes personnes à cesser de fumer. Elle a été largement louée par les professionnels de la santé, qui soulignent des études montrant que le phénomène du tabagisme est assez préoccupant au Maroc .
Selon une enquête du Ministère de la Santé, près de 35% de la population masculine âgée de plus de 20 ans fume. Une autre enquête a montré que plus de 15% des élèves entre 13 et 15 ans consomment du tabac. L’âge de la première cigarette diffère selon les individus. Près de 13% commencent à fumer avant l’âge de 15 ans.
" Il était temps d’élaborer une telle loi", explique le Docteur Sellam Mbarki à Magharebia. "Le nombre des patients touchés par le cancer augmente à cause du tabac. Certains sont fumeurs passifs et subissent les méfaits de leur entourage pollué par les cigarettes. La médecine moderne a dressé une liste bien garnie de maladies graves liées au tabac."
Par ailleurs, quelques mécontents signalent haut et fort leur désapprobation à la future loi. Les propriétaires de cafés et restaurants s’inquiètent quant à la prochaine sortie de cette loi qui pourra limiter le nombre de leur clientèle.
Selmane Bhiri, gérant d’un café, s’attend à une baisse des recettes quand le texte sera appliqué : "80 % de mes clients sont fumeurs. Lorsque la loi entrera en vigueur, je prévois une baisse de 90 % de mon chiffre d’affaires."
Certains mineurs sont moins pessimistes. Mourad, élève de 15 ans, affirme que la loi ne constituera pas un problème pour lui puisqu’il s’approvisionne chez les détaillants : " L’interdiction du tabac dans les lieux publics ne me gêne pas puisque je me cache pour fumer".
"En ce qui concerne mon approvisionnement," ajoute-t-il, "il est garanti par les jeunes qui combattent le chômage en vendant des cigarettes aux coins des rues".
Avec plus de 15 milliards de cigarettes fumées par jour, le Maroc est l'un des pays qui consomme le plus de tabac à travers tout le bassin méditerranéen.
Source : Magharébia
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