Le marché de la fenêtre connaît de nombreux développements. Tirée vers le haut par le boom immobilier, la demande sur les matériaux de construction ne cess...
Le marché de la fenêtre connaît de nombreux développements. Tirée vers le haut par le boom immobilier, la demande sur les matériaux de construction ne cesse de s'accroître.
Cependant dans l'euphorie, il ne faut pas négliger la qualité dans ce processus.D'ailleurs, pour le cas de la fenêtre, la tendance aujourd'hui penche plutôt vers celle en aluminium, vu son prix abordable.
Or, le problème qui se pose c'est que le défaut de qualité est décrié par tous les intervenants à tous les niveaux. Ce constat a été soulevé lors d'une conférence débat organisé le 20 avril 2008 par Fermetures 2000 en marge du salon Batisud.
Au niveau de la fabrication, certains producteurs en quête de gain facile ne se gênent pas à produire un profilé de moindre qualité à un prix réduit.
«Sur le marché, vous trouverez du profilé comme du papier cigarette et un autre de meilleure qualité», souligne un opérateur. C'est malheureusement une réalité.
De plus, le client final qui paie l'appartement à un prix fort n'est même pas au courant de ces magouilles qui peuvent nuire à sa santé. Combien d'entre nous n'ont pas assisté à une fenêtre qui s'arrache et qui tombe à l'extérieur. C'est un vrai danger public.
Quant au choix de la fenêtre adaptée à l'appartement, c'est le promoteur immobilier qui tranche. Certes, il demande l'avis de l'architecte mais, à la fin, il opte pour celui qu'il estime le plus rentable.
Toutefois, il existe des promoteurs immobiliers professionnels qui veulent donner un produit de qualité à la hauteur de leur image de marque, mais la grande majorité des opérateurs font fi de la qualité et recherchent plus les moyens de faire plus d'économies, quitte à faire courir un danger à ses futurs clients.
On est loin des belles fenêtres sécurisantes, qui permettent une isolation phonique et thermique et offrent une meilleure clarté.
La plupart de celles installées ne ferment pas après un an au maximum et subissent le sifflement du vent, précisent les intervenants. «Le phénomène est associé à un problème socio-économique, notamment le pouvoir d'achat.
On est en train de tirer vers le bas le secteur car on cherche du profilé tablier le moins cher. Or la qualité a un prix à payer», a soulevé Abdellatif Squalli, directeur commercial de Inegma.
Plus précisément, une fenêtre réalisée avec des profilés sous dimensionnés risque le déboîtement, ce qui entraîne la chute du vitrage (en dedans ou en dehors du bâtiment), avec tous les risques d'accident que cela comporte, soulève un expert.
Autre reproche qui a été soulevé lors de ce débat : l'anarchie qui règne en terme de choix de matériaux de construction, en l'absence de réglementation et de classification claire déterminant les caractéristiques matérielles et techniques de l'économique, du moyen et du haut standing.
«Malheureusement, on utilise une fenêtre économique pour un logement moyen standing et un produit moyen de gamme pour une habitation de luxe.
Alors que c'est une aberration car chaque client doit avoir la fenêtre qu'il veut», estime un architecte. Un autre exemple très fréquent: un promoteur achète des fenêtres de qualité mais pour les accessoires qui l'accompagnent, il opte pour des produits chinois adaptables, ce qui biaise tous les calculs.
Autre requête, la nécessité de concevoir et de maîtriser la pose de systèmes de menuiseries sécurisés et performants, afin d'anticiper les problèmes et d'éviter des dégâts graves, pouvant porter atteinte à la santé voire à la vie des habitants.
Pour y arriver, il faut former des techniciens spécialisés en PVC ou en menuiserie aluminium.
Actuellement, il y a un seul centre qui joue ce rôle, mais cela reste en deçà des attentes des professionnels, ce qui ouvre la voie à l'anarchie et favorise l'accès à ce domaine aux personnes non qualifiées qui ignorent tout des règlementations thermiques et des règles de pose.
Résultat : une fenêtre non étanche donne lieu à des infiltrations d'eau pouvant causer des dégâts matériels, et d'air entraînant des déperditions énergétiques, un produit de façade mal fixé risque de s'effondrer sur les passants (cas des murs rideaux, des panneaux de façade …), etc.
De son côté, Driss Nokta, promoteur immobilier et président d'APRIM, «le problème se produit à la pose de la fenêtre, du coup c'est la réputation du fournisseur qui est mise en cause. De plus, le service après-vente n'existe pas, c'est un point que les revendeurs doivent revoir».
Et d'ajouter : «Nous sommes prêts pour travailler avec des poseurs professionnels, il suffit que les fournisseurs nous orientent vers eux. Nous ne demandons que cela».
A la fin, les participants à cette table ronde étaient tous unanimes que le défaut de qualité est une responsabilité partagée entre le promoteur immobilier qui choisit la fenêtre, l'architecte qui valide son choix, le fournisseur et le poseur.
Ils se sont également mis d'accord sur la nécessité d'organiser ce secteur qui est rongé par les batailles sans merci entre les gamistes eux-mêmes et d'établir certaines normes qu'il faudra respecter à l'avenir. D'autres rencontres similaires sont prévues pour mieux sensibiliser sur cette problématique.
Logements à 140.000 DH
Les participants à la rencontre ont soulevé le problème de trouver une fenêtre à coût réduit qui sera dédié au logement à 140.000 DH.
Certes, ce produit économique existe sur le marché, mais il faut aussi respecter un minimum de sécurité. Pour calmer les esprits, Driss Nokta a soulevé un point très important : la péréquation pour ces logements.
En effet, les promoteurs immobiliers n'auront pas à chercher le produit le moins cher pour entrer dans leurs frais, mais la péréquation leur permet de se rattraper dans les autres logements moyen standing qu'ils pourront bâtir à côté de ceux à 140.000 logements et commercialiser librement.
En effet, pour encourager les promoteurs à adhérer à ce programme national, l'Etat offre l'équivalent de la superficie dédiée à ces habitations «low cost» en guise de récompense pour que ces professionnels puissent y bâtir des logements moyen standing et des équipements socio-économiques afin d'éviter de créer des ghettos et de permettre une bonne cohabitation.
Source : Le Matin
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