Le gouvernement algérien a lancé un nouveau programme visant à réglementer et surveiller la vente et la distribution des engrais chimiques utilisés par les agricu...
Le gouvernement algérien a lancé un nouveau programme visant à réglementer et surveiller la vente et la distribution des engrais chimiques utilisés par les agriculteurs, mais aussi par les terroristes. Les agriculteurs s'inquiètent que les changements apportés ne réduisent les rendements agricoles.
Dernière d'une série de mesures destinées à combattre le terrorisme, le gouvernement algérien a récemment annoncé qu'il envisageait de surveiller la vente et la distribution des engrais chimiques, pour empêcher qu'ils ne soient utilisés par les terroristes pour la fabrication d'explosifs.
Les Ministères de l'Agriculture, de la Défense et de l'Intérieur se sont entendus sur cette mesure après les attentats-suicides mortels qui ont visé les bureaux des Nations-Unies et des bâtiments officiels à Alger le 11 décembre.
Le Ministre de l'Agriculture Said Barakat a indiqué que le gouvernement n'envisageait pas ces nouveaux contrôles comme une mesure de représailles envers les agriculteurs, mais plutôt pour permettre de distinguer un usage correct et incorrect de ces engrais.
Des responsables du Ministère de l'Agriculture ont organisé une série de réunions en décembre et janvier pour présenter ces mesures aux représentants des Ministères de la Défense nationale, de l'Intérieur et de l'Energie. Une décision antérieure avait interrompu la distribution d'engrais aux agriculteurs, afin d'empêcher qu'ils ne tombent dans les mains des terroristes.
Des vidéos diffusées sur lnternet par l'Organisation al-Quaïda au Maghreb Islamique montrent en effet comment fabriquer des explosifs, en décrivant les techniques et les matériels nécessaires, dont des engrais agricoles.
Le projet gouvernemental a cependant été fraîchement accueilli par les agriculteurs, qui redoutent que cette mesure n'ait un impact négatif sur la production.
Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union des Agriculteurs Algériens, a demandé aux autorités de ne pas punir les agriculteurs par cette mesure. Lors de déclarations à la presse, il a suggéré de confier la distribution des engrais à des agences locales soumises à la surveillance constante des forces de sécurité, et de mettre un terme aux ventes privées.
M. Alioui a tenu à rassurer les agriculteurs, expliquant que la distribution des engrais reprendrait après que le gouvernement aura mis en place ces nouvelles mesures. Il a indiqué que la pénurie qui a fait l'objet de nombreuses rumeurs n'affectait que certaines provinces et que les entreprises privées disposaient de stocks suffisants pour surmonter cette interruption.
Said Barakat s'est fait l'écho de ce message, ajoutant qu'il serait vraisemblablement fait appel aux institutions publiques et que le suivi des engrais sera permanent.
Les agriculteurs connaissent déjà la surveillance de leurs réserves d'engrais. Mahmoud, un céréalier de la province de Sétif, a déclaré à Magharebia que les autorités chargées de la sécurité, en liaison avec les représentants de sa ville, avaient procédé à un inventaire des quantités d'engrais en sa possession.
Par ailleurs, les responsables de la sécurité ont intensifié leurs contrôles sur les produits, en particulier les engrais, entrant dans le pays en provenance du Maroc et de Tunisie.
L'année dernière, les gardes frontaliers avaient intercepté plus de cinquante tonnes de produits chimiques utilisés dans la fabrication d'explosifs, destinés à des groupes terroristes.
Des restrictions ont également déjà été imposées aux importateurs de substances utilisées dans la production de produits chimiques, en particulier des acides, utilisés dans la production d'explosifs et de grenades à main.
Source : Magharébia
Commentaires