Le plan solaire s'inscrit dans un vaste
programme en faveur des énergies renouvelables. Il doit rendre le
royaume incontournable pour tout projet de la région.
Le plan solaire marocain annoncé en novembre
dernier (« La Tribune » du 4 novembre 2009) est de taille à positionner
clairement le royaume comme le leader de la région.
Une capacité
installée de 2.000 MW à l'horizon 2020, 10.000 hectares d'installations
solaires réparties sur 5 sites, dont 500 MW à Ouarzazate, qui
deviendrait l'un des plus gros projets au monde.
Le tout pour une
production de 4.500 MW, soit 18 % de la consommation nationale et un
coût de 9 milliards de dollars.
Nul ne semble douter de la capacité du
royaume à réunir pareille somme, mission pour laquelle a été créée une
société dédiée, l'Agence marocaine de l'énergie solaire, ou (Masen).
«
Comme le Tanger Med(*), le plan solaire est une volonté du roi et sera
mené à terme », commente un observateur. Les réponses aux appels
d'offres seront connues en juin. Le choix des emplacements, proches de
la mer ou de lacs, convient au solaire thermique à concentration.
Mais «
il pourrait y avoir plusieurs opérateurs et même plusieurs technologies
sur un même site, précise Saïd Mouline, directeur de l'Aderee, Agence
de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité
énergétique, équivalent marocain de l'Ademe.
Par ailleurs, certains
opérateurs viendront peut-être avec des projets industriels impliquant
des créations d'emplois ». Un objectif ouvertement affiché par le pays,
qui table sur 30.000 emplois créés dans ces secteurs à l'horizon 2020.
Autre
objectif tout aussi primordial : prendre le leadership du solaire dans
la région, une façon notamment de se positionner dans la perspective du
plan solaire méditerranéen (20 GW prévus sur le pourtour du bassin) et
plus encore du projet Desertec.
Récemment rallié par les français EDF et Saint-Gobain ou l'américain First Solar, ce projet pharaonique, dont l'investissement est
estimé à 400 milliards d'euros, prévoit l'installation d'un chapelet de
centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
D'une capacité
totale d'environ 100 GW, il alimenterait la région mais aussi quelque
15 % de la demande européenne, via des câbles sous-marins.
Malgré des prises de position ambiguës sur
le sujet, l'Algérie (qui refuse notamment l'idée de payer pour une
énergie produite sur son sol un prix fixé par des sociétés étrangères),
dispose d'atouts indéniables. De vastes surfaces désertiques, mais aussi
des industriels du verre et du béton, qui pourraient contribuer à la
fabrication des installations.
Avec son plan national, le Maroc entend
donc démontrer sa capacité à développer d'importants projets. Une loi a
aussi été votée, qui autorise l'exportation d'énergie.
Ce volet
solaire s'inscrit dans une démarche plus globale en faveur du
développement durable, réaffirmée lors du discours du Trône de juillet
2009 et qui a valu à Rabat de figurer parmi les villes choisies pour
célébrer le quarantième anniversaire de la Journée de la Terre le 24
avril. Une croissance soutenue depuis dix ans (5,9 % en 2009) génère une
augmentation de la demande en énergie de 8 % par an dans le seul pays
de la région dépourvu de pétrole, qui importe 97 % de sa consommation.
D'où l'objectif de 42 % d'énergies renouvelables en 2020, dont 14 % de
solaire. Les 3.500 kilomètres de côtes constituent aussi un gisement
significatif pour l'éolien. Mais l'hydraulique continuera de jouer un
rôle de premier plan.
La politique des barrages entamée par Hassan II
dans les années 1960 se poursuit par des installations de plus petite
taille. « Avec 730 mètres cubes par an et par habitant, le Maroc est en
dessous du niveau de stress hydrique et parmi les 20 pays les moins bien
lotis », précise Majid Benbiba, directeur général de l'hydraulique au
secrétariat d'État chargé de l'eau et de l'Environnement.
L'assainissement de l'eau et le traitement des déchets constituent les
autres enjeux majeurs d'un pays à l'urbanisation galopante.
(*) Ce
gigantesque complexe portuaire dont la première tranche a été inaugurée
en juillet 2007 (« La Tribune » du 28 novembre 2008) devrait atteindre
en 2015 une capacité annuelle de 8 millions de conteneurs et 7 millions
de passagers et figurer parmi les 12 premiers ports du monde.
Source : La Tribune